Allô !!! La crise n’est pas finie !

Par Richard Thibault, président de RTCOMM, entreprise spécialisée en gestion de crise

À voir les gouvernements recommencer à agir comme si la réponse administrative aux problèmes soulevés devait suivre les méandres habituels ; à voir les décisions administratives se prendre comme si on avait tout le temps devant nous, comme s’il n’y avait pas d’urgence ; à voir les gens se précipiter dans les centres commerciaux comme si c’était le Boxing Day, on pourrait croire que la crise est terminée et que nous avons terrassé la COVID comme Hercule a pu le faire du lion de Némée.

Quand bien même ce serait le cas, Hercule avait encore onze travaux gigantesques à accomplir avant d’avoir terminé sa tâche. On en est encore au même point alors que tous les spécialistes du monde s’entendent pour dire que la crise sanitaire qui nous frappe depuis un an déjà est loin d’être terminée.

Doit-on craindre que lorsqu’elle sera vraiment finie, nous retournions aux affaires comme si de rien n’avait été ? Doit-on craindre que nous recommencions le train-train habituel en oubliant toutes les bonnes résolutions que nous avons prises depuis le début de la pandémie ? Le principe de l’inertie. La voie de la facilité. Doit-on craindre que la situation dans les foyers pour personnes âgées ne change pas, maintenant que les projecteurs des médias chercheront la nouvelle ailleurs ?

On peut et on doit s’encourager du fait que nous obtenions des résultats prometteurs à la suite des efforts importants que nous avons tous consentis comme société dans cette lutte contre la pandémie. Mais c’est loin d’être fini ! Déjà, les gouvernements ne savent plus quelle vérité invoquer pour nous montrer « la voie de la sagesse » en ces temps difficiles. Si on observe une fatigue générale à l’égard de la guerre au coronavirus, il n’en reste pas moins plusieurs mois avant de retourner « à la normale », si jamais nous y retournons, nous apprennent les autorités de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Glissant chaque jour dans le palmarès des pays pour la vaccination de notre population, la vertu magique que nous accordons au vaccin anti-COVID est bombardée par l’apparition des spectres successifs de nouveaux variants du virus. Déjà, on ne sait pas vraiment si les vaccins homologués ou les autres à venir suffiront à la tâche face à ces nouvelles menaces. Ce qu’on avait compris comme étant la panacée suscite suffisamment de doutes face à la sortie véritable de crise pour nous laisser inquiets quant à l’avenir. Non, la crise n’est pas terminée !

Même le port du masque, que les autorités ont tellement tardé à recommander et qui est maintenant devenu la norme, doit être renforcé. Parce que l’on connaît davantage et que l’on comprend mieux le virus qui nous attaque, les masques que nous portions ne font plus l’affaire, semble-t-il, et déjà, il faut penser à s’en procurer de plus efficaces. Désormais, deux masques valent mieux qu’un pour être mieux protégé, nous disent les spécialistes.

Et qui plus est, la mode ne sera pas que passagère, ajoutent-ils. Le masque fera désormais partie de notre attirail normal. Les fines particules rejetées en parlant ou en respirant, celles que nous expulsons par nos éternuements, en toussant ou simplement en parlant font mouche pour transmettre la maladie, bien plus qu’en se répandant sur les surfaces comme on l’avait estimé initialement.

On est donc loin d’être sortis de l’auberge. La lassitude de la lutte au virus ne doit pas nous faire baisser la garde. La crise n’est pas terminée ! Attendons les résultats relatifs au nombre de cas après la semaine de relâche ; on verra ensuite si la crise est finie… On en reparlera alors.