Donald Trump

Un désastre qui provoque des crises à trois niveaux

Vu d’ici, la participation de Donald Trump est un désastre qui provoque des crises à trois niveaux.

Au premier niveau, les Américains se réveillent avec un méchant mal de bloc. Alors que Donald Trump était vu comme une curiosité au début des primaires, le discours populiste et vindicatif de Trump, alimenté par une certaine presse, a allumé un feu incontrôlé chez une certaine clientèle extrémiste au sein de la population et donné lieu à certaines manifestations à peine civilisées. De surcroît, l’image que projette cette course à la présidence sur l’ensemble de la communauté internationale est de moins en moins reluisante. Il y aura à tout le moins une crise d’image à gérer après les élections et à l’interne, il faudra recoller les morceaux pour les Américains qui réalisent que le « party » est terminé et que dorénavant, il faudra bien vivre ensemble.

La deuxième crise qu’a provoqué le facteur Trump est un schisme à l’intérieur du parti Républicain. Plusieurs représentants du parti ne savent plus quoi faire pour se dissocier et prendre leurs distances d’avec leur candidat à la présidence. Le parti n’a que lui à blâmer car il savait très bien dans quoi il s’embarquait avec Trump. Déjà, le Tea Party avait provoqué bien des malaises chez les Républicains plus modérés et forcé la majorité de ses élus à s’opposer à toute mesure proposée par le président Obama. En fait, Trump l’accuse de tous les maux mais ce sont les Républicains qui étaient majoritaires dans les deux Chambres. Ils n’ont qu’eux-mêmes à blâmer s’ils ne sont pas contents du résultat de 8 ans d’administration Obama. Menacé de perdre la majorité qu’il a dans les deux chambres (Représentants et Sénat), le parti Républicain devra se réinventer après l’ouragan Trump et se redonner une crédibilité.

La troisième crise est celle de Donald Trump lui-même. Désavoué par les bailleurs de fonds de son parti politique, par l’establishment du Parti Républicain et par une grande quantité de ses élus, Donald Trump, sur lequel ses propres conseillers n’ont plus de contrôle, n’arrive plus à se contrôler lui-même. Bien que ce ne soit pas avec enthousiasme que les Américains gênés par Trump se soient précipités du côté de Hillary Clinton, les électeurs font maintenant l’objet d’un lavage de cerveau où Trump tente de semer l’idée que les élections sont truquées. Même s’il ne présente aucune preuve et que les faits le contredisent (30 cas de fraude sur un milliard de votes depuis le début des années 2000) Trump, qui n’a plus de comptes à rendre à personne, tente de fédérer sa base militante et plusieurs de ses partisans déjà se sentent interpellés pour agir avec vigilance aux abords des bureaux de scrutin le jour de l’élection pour s’assurer que seuls les « vrais Américains » puissent voter… Dans un pays où il y a plus d’armes à feu que d’habitants, c’est inquiétant. Méchante crise à gérer.