Crise de confiance chez nos institutions

À chaque fois que nos élus renient nos institutions, ils provoquent une crise de confiance à leur égard qui déstabilise l’ensemble de l’organisation de notre vie démocratique. Rien n’est parfait, et de loin. Mais ce n’est pas une raison pour jeter le bébé avec l’eau du bain.

Il est vrai que les médias ont leur mea culpa à faire et que certains journalistes, au nom du droit du public à l’information, quand ce n’est pas la pression de la compétition, glissent parfois dans l’opinion au lieu de se limiter à rapporter les faits. Ce n’est toutefois pas une raison de les traiter « d’ennemis de la nation » comme Donald Trump l’a fait en fin de semaine. Le 4ième pouvoir joue un rôle essentiel et il est le gage d’une démocratie saine. Quant aux institutions de Washington « clean the swamp » répond avec dédain le président. Et ses supporteurs d’en rajouter.

Même chose pour le pouvoir judiciaire. Le système prévoit que certaines décisions peuvent être portées en appel si elles répondent à certains critères. D’autres non. Mais si l’appel est impossible, les règles que nous nous sommes données pour encadrer notre vie commune en société nous imposent d’accepter la décision finale, même si elle ne nous convient pas. Que Manon Massé conteste ouvertement la décision du DPCP de ne pas poursuivre Gerry Sklavounos pour des raisons qui lui appartiennent n’ont pas lieu d’être dans notre société. Cette décision est finale et sans appel. Comme députée, si elle dispose de faits nouveaux qui sont de nature à modifier l’enquête de la police ou la décision des juristes, qu’elle les fasse connaître ou qu’elle se taise. Son exemple est corrosif.

Même chose encore pour le pouvoir législatif. Quand un député conteste ouvertement la décision de l’Assemblée nationale ou de l’un des organismes qui en relèvent, cela sape à chaque fois l’autorité de l’organisme en question. Agnès Maltais a ouvertement contesté la décision du Commissaire à l’éthique de l’Assemblée nationale dans le dossier d’un adjoint du ministre Laurent Lessard. PKP en a fait autant de la décision du Commissaire à l’éthique à l’égard du droit de regard du député sur la gestion de ses avoirs. On l’a d’ailleurs pas mal brassé le Commissaire à l’éthique ces derniers mois. Même chose quand on part en guerre contre la Commission sur la représentation électorale chargée de confectionner la carte électorale. On peut exprimer son désaccord en cours de processus, mais on doit respecter la décision finale même si elle ne nous convient pas. Il y a un temps pour le débat, mais il y a un temps pour le respect.

Il est possible que les pouvoirs de ces institutions ne soient pas suffisamment étendus ou encore trop importants de l’avis de certains. Mais peut-être que ces institutions ont été conçues ainsi. Où allons-nous si les élus contribuent eux-mêmes à saper les bases de notre système démocratique, alimentant du même coup le cynisme de la population. Méchante crise à gérer !