Gestion des risques

La quatrième révolution industrielle

La crise la mieux gérée est celle que l’on peut éviter et pour l’éviter, une seule possibilité: anticiper ses risques. Et parmi tous les risque que courent notre société, s’il en est un facile à prévoir, c’est l’impact qu’aura la quatrième révolution industrielle sur le monde du travail et sur celui de l’éducation et de la formation, sans compter ses impacts sociaux et économiques.

Après la première révolution (avènement de la machine à vapeur), la deuxième (électricité, chaîne de montage), la troisième (électronique, robotique), il est clair que l’arrivée de la robotisation à une échelle jamais vue encore, le développement et le déploiement de la révolution numérique aura un impact majeur sur l’organisation de nos sociétés. Uniquement au chapitre de l’emploi, le World Economic Forum prévoit que cette nouvelle vague de modernisation entraînera la perte de 5 millions d’emplois en cinq ans dans les principales économies mondiales. Ces chiffres ont été présentés au dernier Sommet de Davos, auquel participent nos gouvernements. Aucun dirigeant politique peut plaider l’ignorance. Ils y étaient tous.

Dans une étude publiée le printemps dernier, l’OCDE prévoit que « dans tous les pays, ce sont les travailleurs les moins instruits qui courent le plus de risque de voir leur emploi supprimé. » L’étude prévoit que la quatrième révolution industrielle frapperait durement 40% des travailleurs avec un niveau inférieur au deuxième cycle du secondaire. Au Canada seulement, l’OCDE prévoit que plus de 23% des emplois actuels pourraient être impactés par l’automatisation et l’informatisation. Les mutations technologiques qu’impliquent cette quatrième révolution industrielle auront des impacts majeurs sur notre façon d’organiser le travail et plusieurs types d’emplois vont s’éteindre carrément. Des métiers vont disparaître, d’autres vont se multiplier et se diversifier.

Et que fait-on maintenant pour mettre en place des mesures pour atténuer le risque, puisqu’on ne pourra le faire disparaître et que la crise suivra si on reste assis sur nos mains? Quelles mesures avons-nous prévu aujourd’hui pour adapter le monde de l’emploi et de la formation de demain pour répondre aux besoins futurs ? Les politiques doivent se modifier, s’adapter pour calmer les appréhensions légitimes de la population et faire en sorte que ce soit avec réalisme et confiance qu’on envisage l’organisation de la société de demain.

Le retard technologique du Canada pourrait faire mal, Karl Rettino-Parazelli. Le Devoir, 26 novembre 2016